Ce matin, après une conversation des plus stimulantes avec ma pote baroudeuse Elo  (on adore entretenir le feu des voyages et de l’aventure) j’ai eu envie de coucher par écrit ma petite virée de deux jours sur les chemins de Saint Jacques partie Nord Aveyron.

Source : ici

Mon budget 

Tout le gain de ce séjour réside dans le plaisir de la marche et des rencontres au fil des pas, du coup le confort de mon sommeil pour si peu de nuits étant secondaire, j’ai opté pour le gîte.

23 € pour 2 nuits en gîte

20€ pour mes repas

4€ pour la récompense ultime du dépassement de soi : une (ou deux) bonne bière à l’arrivée des étapes.

Pour 47€ donc j’ai réalisé l’une de mes plus belles escapades en solo.

Mon plan de route 

42 km pour aller du point 01 AUBRAC au point 06 ESTAING en deux jours.

Arrivée la veille du jour J et nuit au gîte de la Domerie, Aubrac, D987, 12470 Saint-Chély-d’Aubrac

Etape 1:

AUBRAC- SAINT COME D’OLT 23.3 kms

Gîte del Roumiou 12 Rue Crémade, 12500 Saint-Côme-d’Olt, France

Etape 2 :

SAINT COME D’OLT – ESTAING 18.7 kms

Dans mon sac à dos 

• Piquenique du soir
• Petit déjeuner sans gluten à base de fruits secs, banane
• Sac de couchage
• Boule quiès
• Poncho de pluie
• Eau
• Frontale
• Du cash pour boire un p’tit coup dans un troquet du coin
• Couteau, cuillère, sacs à déchet
• Un bon bouquin sur le lâcher-prise
• Une bonne playlist quand j’en ai marre de causer seule

Ressenti

C’est dingue comme 2 jours seulement peuvent constituer un voyage intérieur à part entière quand on l’effectue seul et qu’on sort un pied hors de sa zone de confort. J’adore me confronter toujours un peu plus à moi-même, devenir ma meilleure amie peut être, sans pour autant tomber dans l’individualisme et l’égocentrisme, après tout « aime ton prochain comme toi-même »…

Il est long le chemin de la connaissance de soi, mais ces quelques 42 kilomètres parcourus m’ont permis de m’en rapprocher encore un peu plus. J’aime les leçons de la marche. Celle-ci fut courte faute d’avoir davantage de temps à y consacrer et pourtant l’apprentissage est partout où l’on est disposé à apprendre, se caler au rythme de la Nature, respecter le sien, porter son sac de la même manière que nous portons tous plus ou moins de vécu, d’expériences, de bonheurs, d’épreuves, mais là j’ai senti qu’il ne fallait plus que je prenne plus que je ne peux porter sous peine de ne pas avancer, et il y’a tant à voir, à vivre, à ressentir. Se retrouver seul c’est avant tout se retrouver tout court.

7H du mat’ sur les chemins de l’Aubrac, c’est indescriptiblement bon. La sérénité qui se dégage de ce qui m’entoure m’a ému (m’émeuhhhhh comme les vaches et leurs cloches sonores) et pourtant c’est tellement simple. Des champs à perte de vue baignés de rosé, le rougeoiement du lever du soleil qui commence à peindre le ciel, le gris des toits en lauze des burons si caractéristique de cette région, la chaleur du thé d’Aubrac que je serre fort pour lutter contre les 9° petits degrés de cette matinée de Septembre. Le temps est comme suspendu. Je savoure. Intensément.

« How many roads must a man walk down
Before you can call him a man?

The answer my friend is blowin’ in the wind
The answer is blowin’ in the wind. » Bob Dylan

L’acoustique de la guitare, l’harmonica et les paroles de Bob Dylan traîne dans ma tête… et je marche, je marche, je marche. Et je remercie. Je me sens tellement libre, tellement en contrôle, tout, ou presque (il y’a quelques loupés qui seront autant d’occasion de faire appel à la solidarité de mes compagnons de route j’y reviendrais), se trouve à portée, dans mon sac à dos et les choix sont simples, pas de prise de tête « comment je m’habille ce matin ????? », « qu’est-ce que je vais faire à manger ????? », « comment dois je me comporter ? ».

Aubrac Septembre 2017

En route je n’aime pas parler, je trace. Point A direction point B, la récompense est partout, tapie dans les paysages que je parcours mais elle est aussi à l’arrivée de ces deux étapes quand j’ai l’impression de voler dès que je pose enfin mon sac.

En route, je m’amuse à fermer les yeux dans les sous-bois et à détecter par les odeurs le type de végétation qui m’entoure. J’aime les sous-bois de Châtaignier et son odeur de trompette de la mort (immanquablement je me vois déguster une bonne omelette au parfum de ces délicieux champignons).

 

Espalion Septembre 2017

La route sur les derniers kilomètres c’est la sensation de plus pouvoir marcher et se concentrer sur des tous petits objectifs en se parlant seule, du style « allez, je vais jusqu’à cet arbre là-bas et après je me pose un peu », ou « prochain virage je m’arrête » et puis se rendre compte qu’on PEUT avancer encore. Je me suis jurée de m’en rappeler quand après les kilomètres du jour 2, courbaturée à mort des 23 de la veille, je pensais ne pas pouvoir terminer et quelle satisfaction ! On a tellement plus de ressources que ce que l’on pense. Je vous fais grâce de la morale de mon histoire pleine de bons sentiments sur le fait que l’on puisse affronter des situations de la vie au-delà de ce qu’on avait imaginé.

Il y’a eu aussi le repas en groupe, chaleureux, précieux ; les ronflements de mon voisin de lits superposés, les pros de la rando qui tire les rideaux à 6h00 du mat’ (oui, une épreuve pour moi ;), la promesse de recommencer le plus tôt possible, plus loin, plus longtemps.

Côté pratique, prochaine fois j’emporte un gel douche après 4h de marche j’ai sentis que c’était indispensable.

Et puis pour parfaire la liste ci-dessus j’ajoute au prochain chemin :

• Une pince à épiler (pour les échardes c’est bien utile)
• De l’Arnica en granule
• Une huile de massage à la lavande et un gel articulation type Puressentiel
• Un jeu de carte si quelqu’un sur la route est partageur!

Et vous, quelle est l’expérience qui a modifié votre vision des choses ?