Il y a au moins trois excellentes raisons d’aller passer quelques jours à Prague.

La première est d’ordre financier. Une raison suffisamment solide pour intéresser un spectre 
quasiment infini de voyageurs, du père de famille relativement nombreuse (comme c’est mon cas), jusqu’au jeune étudiant sélectif. Si l’hébergement local ne représentera pas votre poste principal d’économie, vous vous referez largement la cerise sur l’alimentation. Certains détails frappent l’imagination. Comme la pinte de bière (locale – connue – appréciable) à 1,5€ (indice 2015) ou le demi-poulet frites (coupé dans la longueur) dans une généreuse assiette pour un peu plus de 5€. Votre budget, si contraint qu’il puisse être, pourra se concentrer sur le reste. Et le tout, sans sacrifier la qualité de ce qui se retrouve dans votre verre ou assiste. C’est pas rien.

La deuxième est d’ordre basiquement touristique. Prague est une capitale d’Europe centrale, et rien de ce qu’on peut attendre d’un tel environnement n’en est absent. Les hauts-lieux ne déçoivent pas: le pont Charles ou la place de la vieille ville et son horloge astronomique par exemple, justifient presque à eux seuls le déplacement. Pourtant, ce sont les endroits plus discrets qui frappent l’imagination et impriment la mémoire: un café dans lequel un jeune étudiant nommé Kafka aimait passer ses débuts de soirée, un restau à la déco art nouveau dans une ruelle perdue.. Comme d’habitude, c’est en se perdant qu’on s’y retrouve.

La troisième est la plus étrange. Voir second degré. Les Praguois ne sont globalement pas sympas. En tout cas, ils ne portent aucune attention particulière aux touristes. Ça peut paraitre rebutant – ça l’est, parfois -, mais il y a, au fond, quelque chose de parfaitement revigorant de ne pas être assiégé de sourires factices et d’amabilité intéressée. S’entendre dire « des tables libres ? Je ne sais pas, allez voir en terrasse intérieure » a quelque chose de sincère et authentique, selon comment on prend la chose: un peu l’impression de se sentir un régional de l’étape, ce qui n’est pas toujours désagréable.

Le film à voir: Kafka (Soderbergh) ou Amadeus (Milos Forman)

Le film à fuir: La traversée de Paris (Clause Autant-Lara) car aucune scène n’a été tournée à Prague.

Le livre à lire: Un de Kundera, au hasard. Ou kafka.

Le livre à éviter: « le cimetière de Prague », parce que c’est pas le meilleur Eco.

La saison à privilégier: le printemps, qui a tendance à faire faire fuir les troupes soviétiques.

Le disque à écouter: The Plastic People of the Universe « Egon Bondy’s Happy Hearts Club Banned«  (1974) Mais accrochez-vous pour le trouver. Ou un Dvorak.

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