Byzance… Constantinople… deuxième Rome. Istanbul.
Se souvenir des noms successifs de la ville suffit, avant même d’y avoir mis les pieds, pour effectuer un premier voyage stupéfiant. De ces voyages qui convoquent le rapport que chacun entretient avec le temps, chargé de tous ses propres fantasmes et ses trésors intimes. Et ce n’est pas une simple convention d’écriture et encore moins une vue de l’esprit que de dire qu’on se situe ici à un carrefour du monde, géographique et historique.
Existe-t-il d’autre cité antique à cheval sur deux continent et dans laquelle le monument le plus emblématique fut d’abord chrétien avant de devenir musulman ?
Sainte-Sophie, tiens, parlons-en. D’abord basilique, bâtie au 4ème siècle, puis reconstruite au 6ème (où elle acquis sa forme actuelle), pivot de l’empire romain d’Orient, l’endroit fait parti de ceux qui impressionnent le plus. Terrassent, même, pourquoi pas, le coeur de son visiteur. Elle a terrassé le mien, en tout cas.
Un monument dont on veut, après l’avoir entièrement parcouru, refaire un dernier tour pour être sûr de fixer à jamais un maximum de souvenirs, tant on sait que cette visite marquera notre vie de voyageur. Aucune photo, vidéo ou guide ne sera jamais capable de rendre compte de la puissance et l’émotion qui peut saisir celui qui pénètre dans cette structure titanesque.
Bien entendu, l’endroit n’est pas le seul de la ville qui mérite le coup d’oeil. Le grand bazar, les innombrables mosquées qui rivalisent de magnificence, les bars à chicha, il y a de quoi faire des haltes à chaque coin de rue. On s’arrêtera d’autant plus volontiers et régulièrement que le stambouliote est très accueillant. Parfois trop, même, lorsque par exemple on essaie de choisir un restaurant en contemplant sa terrasse. Difficile de se défaire de l’employé ou du patron qui insiste sans relâche pour vous faire entrer, et dont la seule échappatoire est précisément de s’éloigner.
A ce titre, il est amusant de constater que c’est dans les endroits les plus pétris d’histoire que l’on peut recevoir les leçons les plus modernes. Cherchant un restaurant pour le soir, sur l’appli TripAdvisor, et constatant que l’établissement n°1 (sur plus de 11500 !) de la ville se situait à moins d’un kilomètre, nous tentâmes l’aventure. A part un accueil chaleureux et un patron servant les bières en les positionnant sur sa tête, nous nous demandions bien ce qui pouvait valoir un tel classement pour un endroit certes fort sympathique, mais surtout terriblement banal. C’est au moment de l’addition que la ficelle marketing se distingua: avec le digestif offert, le patron passa plus de 5 minutes au bras de chacun d’entre nous en nous demandant de ne surtout pas oublier de lui mettre 5 étoiles sur l’appli, franchement, merci c’est super important, je compte sur vous, hein ? La chose ne manqua pas de me donner quelques idées d’application immédiate dans le cadre de mon propre travail, qui lui-même est friand en phases d’évaluation ressemblant à celles que pratique TripAdvisor.
Quand je disais que la ville était un carrefour d’époques et de pratiques…
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